Exploitation anarchique d’or à Kounsitel : La junte décidée à stopper la razzia
Plusieurs mois après la découverte des mines d’or dans la préfecture de Gaoual, la ruée vers cette contrée de la Moyenne Guinée se poursuit de plus belle. Les mesures dissuasives qu’avait prises le gouvernement défunt contre l’exploitation anarchique des sites disséminés entre Gaoual et Kounsitel avaient fait long feu. En effet, les exploitants artisanaux qui avaient quitté les lieux à leur corps défendant, se sont reconstitués de nouveau, en hordes sauvages, au grand dam des populations autochtones. Qui assistent impuissantes à la destruction sauvage de leur environnement, au vu et au su de tous. Quand on sait que le laxisme et la complicité des autorités civiles et militaires de Gaoual est pointée du doigt dans cette « razzia ». C’est pour éviter sans doute que la situation ne s’enlise davantage, que le gouvernement compte y dépêcher, une mission de haut niveau, ce à compter de ce 2 décembre. Celle-ci sera composée des ministres de l’Administration du Territoire et de la décentralisation, de la Défense Nationale et de l’Urbanisme, pour évaluer la situation et préconiser des remèdes adéquats à ce fléau socio environnemental.
Pour rappel, nous étions de la deuxième mission des ressortissants de Gaoual à Conakry, qui était sous la conduite de M. Dansa Kanté. Une mission qui avait quitté Conakry, dans la matinée du 29 juin 2021, pour un séjour de travail relatif à la gestion de la découverte des domaines aurifères dans la préfecture de Gaoual. Les missionnaires avaient rencontré les autorités régionale, préfectorale et communale, les membres de la mission, l’Association des ressortissants de Gaoual, qui avaient été dépêchés sur les lieux depuis le 25 juin, pour sensibiliser les populations de la préfecture aux valeurs et vertus de la paix et à la paisible cohabitation.
A l’époque nous nous étions rendus compte que le préfet d’alors M. Kouyaté étaient plutôt favorable à l’autorisation de l’exploitation artisanale par le Gouvernement. Le préfet expliquait cela par une crainte que la situation ne dégénère. Il estimait qu’interdire cette exploitation pouvait engendrer des effets contraires de la mission d’encadrement initiée par l’administration publique.
Le préfet avait insisté sur son souhait d’entendre la mission des ressortissants sensibiliser le gouvernement et les populations, en faveur de l’autorisation de l’exploitation le plus tôt que possible de ces sites aurifères.
Le préfet avait dénombré à l’époque plus de 300 détecteurs de minéraux et presque un nombre équivalent en engins roulants saisis par les autorités militaires. Une saisie qui était gérée directement par la région militaire de Labé.
Tamba Kalas avait essuyé en effet, de graves accusations de la part des autorités locales. Pour avoir déclaré au préfet, qu’il n’y aura plus de paix à Gaoual. Comme si la découverte de l’or était une malédiction en soit.
D’ailleurs, il a été rapporté que dans le cadre des patrouilles mixtes, le commandant de la Gendarmerie de l’époque avait dépouillé un acheteur d’or d’une valeur de 260 millions GNF et 45 grammes d’or. Cette affaire avait été instruite par les autorités compétentes, notamment la gendarmerie régionale de Labé. Des cas d’assassinat avaient commencé à être enregistrés dans la zone de Gaoual. Tout ça expliquait l’origine de la révolte des femmes du secteur de Mandiki contre des propos du maire de Gaoual, diffusés par la radio rurale. Dans cet épicentre de la contestation, qui était Mandiki, les éleveurs avaient vendu leurs bétails pour acheter des détecteurs, peu avant la déclaration de la fermeture des sites.
Tout à fait. Les sages de la préfecture étaient très inquiets face à ces envahisseurs des domaines miniers de Gaoual qui se chiffraient à 6 000 acteurs de l’exploitation illégale, dans la commune urbaine. Chiffre qui se serait multiplié par près de dix en ce moment, selon nos enquêtes.
Le porte-parole des sages Elhadj Mamadou Saliou Diallo, avait indiqué qu’il n’y avait pas à Gaoual quelqu’un qui contrarierait la décision de fermeture du Gouvernement.
Les sages avaient plaidé en faveur d’une suspension temporaire de l’exploitation mais à condition que celle-ci soit de courte durée.
Le porte-parole de la délégation gouvernementale, M. Cheick Mohamed Konaté avait expliqué les instructions du gouvernement. A savoir le refoulement sans violence des exploitants illégaux et la fermeture des domaines miniers, jusqu’à nouvel ordre.
Pour le chef de la mission gouvernementale M. Séverin Kourouma, la vision du président de la République était que l’Or de Gaoual devait profiter à toute la Guinée mais surtout à Gaoual en premier. Ajoutant que sans une règlementation administrative, cette volonté présidentielle ne sera qu’une vaine volonté.
Ensuite, M. Kourouma avait fait savoir que le gouvernement voudrait bien vérifier les informations qui ont fait cas des infiltrés étrangers dans ces vagues d’exploitants artisanaux de l’Or. Pour finir, il abordera avec inquiétude la question de la santé publique, menacée selon lui par cette ruée sur Gaoual, dans un contexte de pandémie internationale de la COVID-19.
L’exploitation de l’Or en toute violation de la réglementation en vigueur, dans les communes de Gaoual et Kounsitel et les réunions prospectives, se poursuivait. En attendant la fermeture de ces domaines miniers sauvages, annoncé par le gouvernement. A travers une méthodologie qui semblait nourrir la sève d’une dynamique de crise à long terme.
La mission gouvernementale et les autorités locales avaient pris soins de n’inviter à la réunion de concertation que des membres des sections préfectorales de l’ancien parti au pouvoir. Même les membres des différentes missions des ressortissants de Gaoual à Conakry avaient été subtilement priés de libérer les lieux.
L’ancien Gouverneur de Boké, le Général Siba S. Loholamou, expliquera plus tard, à un des membres d’une des missions des ressortissants, que cette réunion était consacrée à la collecte des données. Que celle-ci était une enquête et que par nature une enquête est secrète. Puis il dira à un autre que tout le monde voudrait qu’on arrête cette exploitation de l’Or. Mais que cela était plus facile à dire qu’à faire. Un véritable aveu d’impuissance de la part des autorités de l’époque.
Il a été rapporté que les organisations des jeunes des autres obédiences ou non acquises à la cause des autorités locales et les corps professionnels avaient tout simplement été ignorés par les mobilisateurs de la réunion.
Selon cette plate-forme, Gaoual avait été victime de troubles d'insécurité occasionnés par la découverte de l’Or, ayant fait plusieurs cas de décès, de violences sexuelles contre des jeunes filles mineures, des cheptels entièrement menacés, des forêts détruites.
Pour cette organisation des jeunes de la localité, la population locale avait constaté malheureusement, l’impuissance des autorités publiques et les effets de la corruption présumée pour permettre aux uns et aux autres d'acquérir le droit de l'exploitation artisanale et anarchique.
Cette organisation juvénile avait noté dans son manifeste que ces domaines aurifères doivent être sous le contrôle des autorités et doivent être exploités selon les règles législatives et les exigences du développement durable.
L’organisation des jeunes avait attiré l’attention sur un éventuel risque d'auto-défense contre ce qu’elle appelait comme une menace contre la vie sociale et économique de tous les jours par des individus venus de partout.
Cette organisation comptait transmettre un Mémorandum au Gouvernement guinéen pour solliciter une intervention plus rationnelle, en vue de rétablir la tranquillité et la sécurité de la population locale à la base.
Comme toujours et partout dans le monde, l’exploitation minière à petite échelle est source de tension et de tension sociale. Cela est un classique. Et Gaoual ne semble pas faire exception, à cette triste réalité des zones minières sauvages.
Le premier exploitant déclaré de l’or de Gaoual, Moussa Diaka était à la disposition des enquêteurs du gouvernement, pour d’éventuelles clarifications.