Mines en Guinée : Favoritisme présumé, tensions sociales et défi de la gouvernance transparente

Alors que la Guinée se positionne sur la scène internationale pour attirer des financements destinés à renforcer ses infrastructures, le secteur minier, censé être un moteur essentiel de la croissance économique, demeure fragilisé par des controverses persistantes. En effet, entre soupçons de favoritisme dans l’attribution de permis d’exploitation et tensions communautaires croissantes, la gestion des ressources naturelles soulève d’importantes questions.
À ce titre, en avril dernier, une délégation guinéenne conduite par le ministre de l’Économie et des Finances, Mourana Soumah, a rencontré les institutions financières internationales à Washington. L’objectif était clair : obtenir un appui budgétaire direct et sectoriel pour soutenir la réhabilitation des infrastructures clés, notamment dans l’eau et l’énergie. Ce succès diplomatique partiel témoigne de l’enjeu stratégique que représente le redressement économique du pays.
Pourtant, derrière ces efforts, les inquiétudes persistent autour de la gouvernance minière. À cet égard, deux dossiers emblématiques, celui du permis d’exploitation du site Axis et la situation de la société Bel-Air Mining à Boffa, illustrent des tensions profondes.
En effet, au cœur des débats se trouve la décision du ministre des Mines et de la Géologie, Bouna Sylla, qui aurait préféré la société chinoise SD Mining au détriment de l’entreprise guinéenne AGB2A-GIC pour l’attribution du permis Axis. Selon plusieurs sources, SD Mining aurait proposé un montant global de 250 millions de dollars, dont seulement une fraction en numéraire immédiat, contrairement à l’offre plus avantageuse d’AGB2A-GIC, qui comprenait un paiement en cash conséquent de 150 millions de dollars sans conditions, ainsi que 100 millions supplémentaires échelonnés.
Malgré cela, le ministre n’a pas souhaité s’exprimer sur ce choix. Les documents officiels justifiant cette sélection ne sont pas publics, et la commission chargée de l’évaluation n’a pas communiqué ses conclusions, renforçant ainsi le sentiment d’opacité.
Par ailleurs, dans la préfecture de Boffa, la situation est également préoccupante. L’arrivée du partenaire indien RESCOM/K-Cap a été accompagnée de troubles internes et communautaires. Accusé par certains employés et acteurs locaux de divisions et de promesses non tenues, RESCOM/K-Cap est désormais au centre d’un malaise profond. Des menaces sur des installations minières ont été signalées, et plusieurs voix appellent à un apaisement rapide.
Face à cette crise, la société Bel-Air Mining a suspendu temporairement ses opérations et mis en place un comité de crise afin de gérer cette période délicate tout en assurant la sécurité et la continuité des activités essentielles.
Ces deux dossiers traduisent donc une réalité incontournable : la nécessité d’une gestion plus transparente, équitable et souveraine des ressources minières. Alors que la Guinée cherche à consolider sa crédibilité auprès des bailleurs internationaux et à préserver la paix sociale dans ses territoires, il apparaît urgent que les choix stratégiques soient fondés sur des critères clairs et partagés.
À cet égard, le président de la transition, le général Mamadi Doumbouya, est aujourd’hui confronté à un défi majeur : restaurer la confiance dans la gouvernance du secteur minier en valorisant les compétences nationales et en garantissant que les ressources naturelles contribuent véritablement au développement durable.
Pour finir, pour les acteurs économiques, les communautés locales et les observateurs, l’appel est unanime : rétablir la transparence dans l’attribution des permis, renforcer le dialogue avec les populations concernées, et mettre en place des mécanismes de contrôle indépendants. Ce défi est d’autant plus crucial que la stabilité sociale et la croissance économique du pays en dépendent directement.