Au fil des surprises divines : rencontres et générosité sur mon chemin

On dit souvent que « tout ce que Dieu fait est bon. » Ce vendredi 25 octobre, cette vérité m'a semblée plus palpable que jamais. Perdu dans les couloirs de Union Station à Washington D.C., je décide de chercher un endroit pour effectuer la prière de Dhuhr. En consultant Google Maps, je suis dirigé vers Masjid Muhammad. Après une marche de 30 minutes à pieds, j’arrive et découvre que la mosquée est fermée pour rénovation, bien qu’il soit déjà 13 h 05.
Un léger sentiment de panique m’envahit. C’est alors qu’un homme du Ghana, lui aussi à la recherche d’un endroit pour prier le vendredi, m’approche. Accompagné de son chauffeur, il propose de nous conduire, moi et deux autres compagnons de prière d'origine asiatique, au lieu provisoire de la mosquée situé à 25 minutes de là.
L’embouteillage retarde notre arrivée de plus de 40 minutes et, en théorie, nous avons manqué la prière du vendredi. Malgré tout, nous nous rassemblons à trois pour prier Dhuhr. Après cette course effrénée, avec mes bagages en main, je me rends au restaurant de la mosquée pour acheter un repas et m’installe à l’avant. Là, deux dames d’un certain âge, dont Hasiba Ali, viennent s’asseoir près de moi et engagent la conversation.
« Comment vous appelez-vous ? D’où venez-vous ? » demande Hasiba, souriante. Je me présente, et elle partage que ses ancêtres viennent du Ghana, un rappel silencieux des chemins sinueux que beaucoup ont empruntés malgré eux vers cette terre, dans le sillage de l'histoire de l'esclavage. Elle me demande ensuite si j'ai un moyen de transport. Je lui explique que non, et que je devrai marcher 47 minutes pour atteindre mon lieu de rendez-vous. Sans hésiter, elle appelle un Uber à ses frais. Lorsque le chauffeur tarde à arriver en raison de la circulation, elle interpelle un homme d’une cinquantaine d’années qui se trouve non loin de nous : « Excuses-moi, aurais-tu ta voiture ici ? »
L’homme répond affirmativement et accepte de me déposer avec plaisir. Hasiba, avec un sourire bienveillant, conclut la conversation par un chaleureux « Merci, je te suis reconnaissante. »
Je monte en voiture avec Abdul Qawwee, qui démarre le sourire aux lèvres. En cours de route, je lui demande d’où il vient. « Mon test ADN révele que je suis Guinéen par mon père, et Ghanéen par ma mère, » révèle-t-il. Curieux, je lui demande : « Et de quelle région viennent vos ancêtres guinéens ? »
Il réfléchit un instant avant de répondre : « De la zone des plantations coloniales. Mes ancestres avaienttransportés ici pour travailler dans les plantations des colons en Caroline » Une histoire qui évoque à elle seule des siècles d’espoir, de migration, et de liens brisés puis tissés à nouveau.
À cet instant, je lui dis que je viens de Guinée. Il me demande quelle Guinée, et je réponds : « L’ancienne Guinée Française. » Un long silence s’installe avant qu’il ne me demande quelle langue locale je parle. Je lui confie que je parle beaucoup des langues locales y compris le Sosso, et il me dit avec émotion : « J’aimerais apprendre le Sosso, ne serait-ce que pour honorer mes parents. » Je lui promets de le mettre en contact avec des locuteurs du Sosso à Washington. Son sourire de gratitude en dit long.
Abdul me fait visiter certains sites emblématiques de Washington D.C avant de me déposer, gracieusement, à mon rendez-vous. Je suggère alors que nous prenions une photo ensemble, un souvenir pour mes lecteurs.
Un autre moment marquant de mon voyage se déroule à Indianapolis, dans l'État d’Indiana, où je participe à la 3ᵉ Assemblée générale de l’Association Bhantal Kankalabé-USA les 12 et 13 octobre. Mon voyage, coordonné par M. Mouctar Sow, m’amène à rencontrer M. Mamadou Tafsir Barry, fils du regretté Elhadj Mamadou Gabon. Mon premier contact, il y a plus de dix ans, avec feu Elhadj Mamadou Gabon avait été inoubliable, marqué par sa sagesse et sa capacité à vivre la vie comme une aventure. Ne l’ayant jamais revu de son vivant, découvrir que c’est son fils qui prend soin de moi durant ce séjour, avec la même générosité que son père, m’a rappelé que, vraiment, « tout ce que Dieu fait est bon. »