Finances publiques : les recettes minières soutiennent la dynamique budgétaire du premier trimestre 2025

Au premier trimestre 2025, les recettes minières ont, une fois encore, confirmé leur rôle de colonne vertébrale des finances publiques guinéennes. Selon le rapport d’exécution budgétaire présenté devant le Conseil National de la Transition, l’État a mobilisé 1 700,38 milliards (tous les montants sont exprimés en GNF) à fin mars, soit déjà 41,96 % des prévisions annuelles, enregistrant une hausse de 43,27 % par rapport à la même période de 2024. Cette performance, bien que spectaculaire au premier regard, s’inscrit dans une dynamique ascendante cohérente où la fiscalité extractive reste le principal moteur budgétaire.
Comme ces récentes années, la bauxite domine largement l’architecture des recettes. La taxe minière à l’exportation constitue la principale source avec 795,37 milliards, suivie de la taxe à l’extraction (584,93 milliards). La TVA intérieure (196,40 milliards), l’impôt sur les sociétés minières (92,10 milliards) et les recettes non fiscales (31,58 milliards) complètent l’ensemble. La Direction Générale des Douanes réalise un trimestre record avec un taux d’exécution de 131 %, porté par les acteurs bauxitiques responsables de près de 76 % des recettes douanières.
La répartition des paiements par entreprise révèle une forte concentration sur quelques acteurs. SMB domine avec 233,50 milliards, suivie d’AGBA (SD Mining) avec 143 milliards, très au-dessus de ses prévisions. CHALCO-Guinée se positionne ensuite avec 82,21 milliards, puis CDM Chine (46,01 milliards) et AG2BA (35,36 milliards). À l’inverse, certaines sociétés actives — SBG, KIMBO, GAC (en phase de retrait dans le pays) ou Top G Mining — affichent des paiements marginaux, voire nuls, traduisant une hétérogénéité persistante.
Le secteur aurifère, pour sa part, est plus contrasté. Avec une contribution globale de 192,42 milliards, SMD (43,8 milliards) et GG Exploration (15,3 milliards) dépassent leurs objectifs, tandis que SAG plafonne à 48,9 milliards, loin des 76,51 milliards attendus. Plusieurs sociétés — SM Mandiana ou New Japan — n’ont effectué aucun paiement, questionnant l’efficacité des contrôles. À l’inverse, Ryda Group & Roh Ax International (33 milliards) et Market Bis Go SARL (27,9 milliards) surprennent par leurs contributions élevées.
Cette dynamique reste toutefois tempérée par un signal d’alerte : les recettes minières douanières reculent de 32,67 % par rapport au premier trimestre 2024. Cette contraction s’explique par la volatilité des volumes exportés, l’interruption des activités de Guinea Alumina Corporation — dont le retrait est toujours en négociation à Paris sous la conduite du Secrétaire général du ministère des Mines, Aboubacar Kourouma —, les ralentissements ponctuels et l’application inégale des obligations fiscales, souvent liées à des conventions spécifiques.
L’exécution budgétaire semble bien engagée, mais l’année 2026 s’annonce cruciale. La mise en exploitation du minerai de fer de Simandou, le 11 novembre 2025, devrait redéfinir les équilibres économiques du pays. Dans ce contexte, il sera essentiel de réduire les disparités entre entreprises, de stabiliser les contributions aurifères, de renforcer les contrôles, d’améliorer la transparence et de poursuivre les réformes fiscales.