Budget guinéen : des recettes en hausse malgré la monnaie faible et le panier de la ménagère en baisse

Le budget guinéen affiche des recettes en hausse au premier trimestre 2025, malgré la faiblesse de la monnaie nationale et la baisse du panier de la ménagère. Cette performance intervient alors que plusieurs responsables de la direction générale des impôts sont poursuivis pour détournement de fonds publics.
Selon le rapport sur l’exécution du budget présenté en août 2025 devant le Conseil National de la Transition (CNT), les recettes globales ont dépassé les prévisions. Toutefois, cette progression cache des écarts importants selon les régies financières et les types de revenus.
À fin mars 2025, les recettes ont atteint 367,85 milliards de GNF, soit 120 % de l’objectif trimestriel et 16,33 % de l’objectif annuel, enregistrant une hausse de 21 % par rapport à la même période en 2024. Cette augmentation provient principalement des revenus de la propriété (52,82 %), des ventes de biens et services (33,12 %) et des recettes diverses (13,83 %).
Les sociétés minières jouent un rôle central dans cette dynamique. L’État a perçu 194,31 milliards de GNF de dividendes, principalement issus des sociétés publiques et mixtes. La Soguipami et la Compagnie des Bauxites de Guinée se distinguent avec respectivement 67,50 et 71,03 milliards de GNF, tandis que Chalco-Guinée et la Société Minière de Dinguiraye ont contribué pour 40 et 10,71 milliards de GNF, cette dernière étant sous sanctions américaines.
Au total, le secteur minier reste la principale source de revenus pour le pays, avec 1 700,38 milliards de GNF collectés, soit 41,96 % de l’objectif annuel et une progression de 43,27 % par rapport à 2024. Les recettes proviennent surtout de la taxe minière à l’exportation (795,37 milliards GNF), de la taxe minière à l’extraction (584,93 milliards GNF), de la TVA intérieure (196,40 milliards GNF) et de l’impôt sur les sociétés minières (92,10 milliards GNF).
La direction générale des douanes (DGD) affiche également des résultats remarquables malgré les poursuites judiciaires contre ses deux principaux responsables. Elle a collecté 799,03 milliards de GNF, soit 131 % de l’objectif trimestriel. La majorité de ces recettes provient des sociétés de bauxite (75,92 %) et d’or (24,08 %), avec des contributions importantes de la Société Minière de Boké, CDM-Chine, AGBA/SD Mining et Chalco-Guinée. Cependant, certaines entreprises restent moins contributives, ce qui montre que des écarts persistent.
Dans l’ensemble, les régies financières, dont la gouvernance reste à améliorer, ont mobilisé 8 871,17 milliards de GNF sur un objectif annuel de 33 740,30 milliards, soit un taux de réalisation de 26,29 %, en hausse de 34,38 % par rapport à 2024. La DGD se distingue avec 35,12 % de l’objectif atteint, suivie de la Direction Générale des Impôts (21,01 %) et du Trésor public (16,90 %).
Malgré ces résultats encourageants, l’économie guinéenne reste fortement dépendante du secteur minier et les recettes non minières restent faibles. Cela montre que l’économie nationale est encore peu compétitive. Pour renforcer la soutenabilité du budget, réduire la vulnérabilité aux fluctuations du marché et sécuriser les bases fiscales, il est essentiel de poursuivre les réformes administratives et de diversifier les sources de revenus, notamment à travers les régies financières et les sociétés publiques.