Éruption cutanée chez des pêcheurs guinéens : Des compagnies minières suspectées…

La Guinée, en plus du fléau de trafic de drogue, voit désormais ses côtes maritimes devenir des zones de transbordement des produits toxiques. Ainsi, le 16 mai 2023, une mission composée des représentants de l’ambassade des États-Unis, de la Préfecture Maritime, des Ministères de l’Environnement et du Développement Durable et de la Pêche et de l‘Aquaculture, a été mise en route avec l’appui du gouvernement américain. Pour survoler la côte et des zones côtières de transbordement des compagnies minières.

En effet, la présence d’une nappe jaunâtre dans les eaux côtières du pays, ayant malheureusement entraîné des éruptions sur la peau des pêcheurs, a été mise en évidence. Ce qui a été un véritable problème de santé publique qui a mis toute la Guinée et ses partenaires en branle, en vue de rechercher la composition et la source de ce produit toxique. 

Ainsi, après plusieurs missions de recherches et de sensibilisation menées par ces parties prenantes de façon conjointe, l’Ambassade des Etats-Unis d’Amérique a appuyé l’État guinéen dans sa recherche de la cause et de la composition de cette nappe jugée polluante. Ceci, pour trouver une solution idoine pour son élimination et éviter que sa présence puisse avoir un effet négatif sur l’économie guinéenne. 

C’est dans ce cadre que ce 16 mai 2023, cette mission a été diligentée. Pour effectuer un survol de la côte et des zones de transbordement des compagnies minières. Afin d’identifier davantage la ou les causes de cette pollution. Qui affecte déjà, la pêche artisanale qui assure la disponibilité locale des ressources halieutiques mais aussi le tourisme sur les côtes qui est une autre poche de revenus. 

Pour une meilleure compréhension de la problématique, l’organisation du survol a commencé par une réunion de prise de contact, tenue dans l’enceinte de l’aéroport international AST de Conakry. 

L’objectif visé était de survoler le côté Nord afin de balayer cette côte et les sites de transbordement des navires minéraliers de la zone. Cela a amené l’équipe à visiter les sites situés sur l’embouchure de la Fatala (Rio Pongo) et du Cap Verga. La mission n’a pu continuer sur l’extrême Nord, faute de carburant. Ainsi décision de revenir à Conakry, pour analyser les constats sur la Fatala est prise. 

Premièrement des experts consultés par l’enquête ont constaté une nappe d’eau jaunâtre autour des navires en transbordement. Secundo, l’existence d’une bande de nappes d’eau jaunâtre derrière les navires en suivant leur déplacement.  

Pour ces experts « cela prouve à suffisance que ces résidus flottants ayant cette coloration proviendraient de ces navires ». Tertio, les mêmes nappes d’eau jaunâtres se dispersent non loin du site de transbordement en formant par endroits des lignes ayant la même forme de sillons.

Ces experts pensent que « cela est une preuve de leur pouvoir d’agglomération pour former une nappe épaisse pouvant couvrir une grande surface si le courant marin est faible ».

Quartio, les transbordements se font sans respect d’éviter de déverser le minerai et d’autres substances incommodes à la protection de la mer. Pour des experts, il y a « possibilité de déversement du minerai dans l’eau ».

Le deuxième survol de la mission a couvert d’autres territoires sous licences d’exploitation minière. Cette fois-ci, l'objectif étant de couvrir la zone Sud de la côte et des eaux territoriales de la Guinée à travers les zones de transbordements de navires minéraliers. Avant de survoler la zone Nord pour la couverture des sites n’ayant pas fait l’objet de scannage, lors de la première étape. Il s’agit des sites de transbordement des sociétés minières comme GAC (Guinea Alumina Corporation), BAM (Bel’Air Mining), EURASIAN RESSOURCES, COBAD (Complexe des Bauxites et Alumine de Dian-Dian), Winning Alliance Port (Société Minière de Boké), ASHAPURA, CHALCO, SPIC Guinea, AMC (Alliance Minière Commodities) et GDM (Guinéenne des Mines).

Malgré que cette mission soit orientée sur les eaux guinéennes, des sources expertes indiquent qu’il a été jugé nécessaire, de l’étendre sur les territoires maritimes de la Sierra Leone et de la Guinée Bissau. Pour toujours, évaluer la possibilité d’une pollution transfrontalière.

Ici, les constats sont les suivants : Primo la présence de la nappe dans les eaux territoriales de la Sierra Leone et au sud de la côte guinéenne. Ces experts notent une possibilité de pollution transfrontalière.

Cette pollution est visible dans plusieurs points du littoral sud de la Guinée et sur le territoire Sierra léonais. Pour ces experts, plus on se dirige vers l’extrême nord, l’ampleur aussi s’amenuise. Là également, il a été aperçu une nappe dans les zones de transbordement de minéraliers.

Cette première observation physique des zones côtières suspectes par la mission de survol recommande aux autorités guinéennes: d’interdire l’appareillage des navires douteux avec une mise à bord des gendarmes, de déclarer l’urgence d’une mission scientifique avec mandat de prélèvement d’échantillons, d’exiger la présentation par chaque navire mine de ses registres de ballastage et de fin de ballastage en vue de connaitre la qualité de l’eau déversé ; et de dépolluer sans délai, les zones où la nappe a été trouvée.