Mamadi Doumbouya : Un discours marquant une possible non-candidature à la présidentielle
Le Président de la Transition guinéenne, Mamadi Doumbouya, a laissé entrevoir une possible non-candidature à la prochaine élection présidentielle. Cette impression découle de l’analyse de son discours prononcé le 1er octobre 2024, à l'occasion du 66e anniversaire de l'indépendance de la Guinée.
Ce discours, marqué par une célébration du passé et un engagement envers l'avenir, semble également indiquer une volonté de se concentrer sur la consolidation des acquis de la transition plutôt que sur une ambition personnelle de rester au pouvoir.
Doumbouya a commencé son discours en rappelant l'importance historique de la date du 2 octobre 1958, symbolisant la fierté nationale et l'aspiration à une Guinée unie, pacifique et fraternelle. Cependant, cette rhétorique, bien qu'inspirante, a rencontré une certaine indifférence chez de nombreux Guinéens, marqués par une perte de confiance grandissante entre les dirigeants et la population, alimentée par les violations répétées des engagements initiaux de la transition.
Dans son allocution, Mamadi Doumbouya a rendu un hommage appuyé aux figures historiques de la Guinée et aux Forces de Défense et de Sécurité, saluant leurs sacrifices pour le pays. Il a également mis en lumière le rôle central des femmes dans le processus d'émancipation, notamment à travers l'initiative « S’inspirer du passé pour construire le futur ensemble », qu'il avait promue dans les semaines précédant le discours. Cette initiative reflète un engagement en faveur de l'autonomisation des femmes, avec des mesures concrètes telles que la création d'une Agence Nationale pour l'Autonomisation des Femmes, visant à améliorer leur accès aux ressources économiques et à l'éducation.
Abordant les récents défis rencontrés par la Guinée, notamment les catastrophes naturelles, le Président a salué la résilience du peuple guinéen, tout en exhortant à davantage d'unité et de solidarité pour surmonter ces épreuves. La réconciliation nationale, un thème central du discours, a également été abordée avec un appel à tourner la page des divisions et à construire un avenir commun, en s’appuyant sur les valeurs de solidarité et de patriotisme.
Sur le plan du développement économique et social, le discours a souligné les progrès réalisés dans des secteurs clés comme la santé, l'éducation et les infrastructures, avec une mention particulière pour le projet minier de Simandou. Toutefois, le Président a insisté sur la nécessité d'améliorer la gouvernance et de lutter contre la corruption, afin de garantir un développement durable pour le pays.
Vers une non-candidature et une prolongation de la transition ? Si le discours de Mamadi Doumbouya se veut mobilisateur et porteur d'espoir pour l'avenir, il pourrait également être interprété comme une étape préparatoire à une non-candidature pour la présidentielle à venir. Face à une pression croissante, tant interne qu'internationale, le Président semble envisager la possibilité de ne pas briguer un mandat présidentiel, ouvrant ainsi la voie à une transition prolongée. Cette option serait cohérente avec la promesse de renforcer les institutions de l'État avant de passer le relais à un gouvernement civil.
Bien que le discours de Doumbouya soit empreint d’un ton optimiste et unificateur, il comporte des zones d’ombre :
• Idéalisation du passé : Si l'évocation des valeurs historiques de la Guinée peut être inspirante, elle pourrait aussi accentuer les divisions inter-ethniques encore présentes dans le pays, notamment à travers la coalition actuelle contre des figures politiques comme Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré.
• Engagements à concrétiser : Les promesses de réformes et de développement nécessitent des actions concrètes pour être crédibles. Le manque de suivi et de transparence pourrait renforcer la méfiance déjà présente chez une population qui attend des résultats tangibles.
• Manque d’inclusivité : Malgré l'accent mis sur l'autonomisation des femmes, le discours n'a pas suffisamment pris en compte d'autres groupes marginalisés, comme les jeunes et certaines minorités ethniques, qui se sentent souvent exclus des processus décisionnels.
Un tournant vers la fin d’un leadership militaire ? Mamadi Doumbouya semble préparer le terrain pour un retrait de la course présidentielle, tout en cherchant à poser les bases d'une Guinée unie et prospère. Si cette éventuelle non-candidature se confirme, elle pourrait être perçue comme une étape cruciale dans le retour à l'ordre constitutionnel. Cependant, le succès de cette transition dépendra de la capacité du gouvernement à transformer les discours en actions concrètes et à rétablir la confiance entre les dirigeants et les citoyens.

