Nimba mining company : évaluation d’un avantage stratégique pour EGA

Selon des sources proches du dossier, le contentieux opposant l’État guinéen au groupe émirati Emirates Global Aluminium (EGA) pourrait évoluer vers un accord transactionnel aux implications stratégiques majeures pour le secteur minier national.
Le retrait, en août 2025, du permis d’exploitation de Guinea Alumina Corporation (GAC), décidé par Conakry, faisait suite au non-respect par l’opérateur de ses engagements, notamment la construction d’une raffinerie d’alumine sur le territoire national. Cette décision a entraîné la restitution des titres miniers à l’État, la perspective de la réattribution de la concession à Nimba Mining Company, société publique nouvellement constituée.
Dans ce contexte, EGA chercherait désormais à sécuriser un droit de préemption sur la production de Nimba Mining Company, lui permettant de maintenir un accès privilégié à la bauxite guinéenne sans détenir directement le titre minier.
D’après les informations disponibles, une délégation guinéenne en séjour à Paris, conduite par M. Aboubacar Kourouma, Secrétaire général du Ministère des Mines et de la Géologie, serait engagée depuis près de deux semaines dans des discussions avec EGA concernant la possibilité d’accorder à ce dernier un droit exclusif ou préférentiel d’achat de la bauxite produite par Nimba Mining Company.
En contrepartie, EGA pourrait renoncer à toute action contentieuse ou procédure arbitrale internationale contre la Guinée, mettant ainsi fin au différend lié au retrait de la licence de GAC. Cette approche viserait à réduire les risques financiers, juridiques et réputationnels pour l’État, dans un contexte international où les arbitrages miniers tendent à être défavorables aux États hôtes.
Cependant, un tel arrangement soulève d’importantes interrogations juridiques et stratégiques. L’octroi d’un droit de préemption ou d’exclusivité sur la production d’une société publique à un opérateur privé étranger pose des questions de concurrence, de transparence et d’égalité de traitement entre acteurs du secteur. Un tel mécanisme devrait reposer sur un fondement légal explicite, une justification rigoureuse et des garanties solides afin de préserver les intérêts économiques, fiscaux et stratégiques de l’État guinéen.
En définitive, si cette option venait à se confirmer, elle traduirait une recomposition sensible des rapports de force entre la Guinée et EGA, susceptible d’être perçue comme l’octroi d’un avantage stratégique à l’opérateur émirati en échange d’un désengagement contentieux. Compte tenu de ses implications pour la gouvernance minière nationale et la gestion des ressources stratégiques, une telle décision nécessiterait une évaluation approfondie, tant sur le plan juridique que sur celui de l’intérêt général et de la soutenabilité économique à long terme.